Un messager à la rouscousse

Récit imaginé par Maxime, Isabelle et Jasmine et facilité par Hélène Chesnel et Lauriane Pouliquen-Lardy dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 6 juin 2023.

Thème de l’atelier :  Et si en 2035, nous vivions dans une société résiliente face aux crises et unie dans l’action ?


À l’écopôle Petite-Hollande de Nantes, les pigeons ont aussi leur mot à dire. C’est ce que nous explique Tim, 11 ans, accompagné de son ami Ré, un pigeon blanc…

Rencontrer un pigeon, c’est inhabituel…

Tim : J’ai rencontré Ré alors qu’il revenait du Sahara. Ré est un pigeon migrateur, qui connaît bien Nantes, où il revient tous les ans au printemps. Nous sommes rapidement devenus amis, nous partageons la même curiosité pour ce que font les humains !

Ré m’a parlé de son expérience de migration. Il se trouve qu’à ce moment-là, dans l’Agora, une discussion était en cours sur le système des « chambres d’amis » de notre quartier et de notre ville.

Que sont ces chambres d’amis ?

Il s’agit de lieux pensés pour l’accueil temporaire, notamment de réfugiés climatiques. Ils existent dans tous les écopôles. Quand Ré est arrivé, il nous a prévenu de l’arrivée d’un nombre important de réfugiés climatiques. Son expérience nous a permis de prendre conscience du caractère saisonnier de l’afflux de réfugiés.

Comment avez-vous réagi alors en apprenant cette nouvelle ?

Tim : J’ai couru très vite jusqu’à l’Agora. Il fallait que je prévienne tout le monde !

: Et moi j’ai volé très vite pour le suivre !

L’Agora ? Qu’est-ce que c’est ?

Tim : C’est une ÉNORME salle (il écarte ses bras en grand pour appuyer ses paroles), où toute la communauté de l’écopôle se réunit pour discuter et prendre des décisions importantes.

D’accord, et donc une fois arrivé à l’Agora, qu’est-ce qui s’est passé ?

Tim : Je suis allé.e voir un adulte, j’étais très essoufflé.e, j’avais beaucoup de mal à parler et Ré battait des ailes dans tous les sens. Mais j’ai réussi à tout expliquer : la catastrophe climatique, la migration forcée de Ré et l’arrivée prochaine de plein de réfugiés.

Comment les autres ont-ils réagi ? 

Tim : Ils m’ont tout de suite écouté et on s’est tous réunis dans l’Agora le lendemain. On a discuté pendant des heuuuuures. On a pas assez de chambre d’amis pour accueillir tout le monde… Mais on ne peut pas rester les bras croisés ! Mais (iel se mit à sourire), nous avons trouvé des solutions super !

: J’avais peur qu’ils ne puissent rien faire, mais tout le monde a pris le sujet très au sérieux et grâce à eux, mes amis réfugiés, pigeons comme humains, ont désormais un nouveau toit.

Et alors, comment cela se passe-t-il désormais ? 

Tim : Grâce à cette épreuve, nous avons noué de véritables chaînes de solidarité au niveau de la nourriture, du logement mais aussi de la mobilité. En effet, cet afflux massif de 2035 a été très abrupt, mais nous avons su nous adapter et accueillir plus de 1 000 personnes en quelques semaines. Aujourd’hui, plus de 800 d’entre elles ont réussi à revenir chez elles mais d’autres ont lié des liens forts avec le territoire, les personnes et les projets sur place et ont décidé de rester. D’ailleurs ce sont les plus grands acteurs du programme : « un déplacement, une solution ».

Et justement depuis un an qu’avez-vous réussi à mettre en place ? 

Tim : On a désormais un processus solide d’accueil de masse. Chaque accueil est co-construit avec les arrivants avec tout d’abord une cellule psychologique car partir de son lieu d’habitation est toujours difficile et souvent synonyme de traumatismes. Une fois que cette phase est passée, qui peut durer entre un jour et deux mois, une semaine de partage de la culture de coopération doit être suivie. Pendant et en parallèle de ces temps d’accueil, la cuisine solidaire et participative coordonnée par La cocotte solidaire est installée, le réseau d’accueil des « chambres d’amis » se met en place et des ateliers réparation et récupération vélos animés par vélo campus reprend de l’activité. Tout ces projets sont collaboratifs avec les nouveaux arrivants, qui sont intégrés au mieux avec leurs impératifs d’accueil.

Et finalement quelle est la voie de sortie pour ces nouveaux arrivants ? 

Tim : Après deux ou trois mois d’accueil, il y a deux voies de sortie : l’adoption de solutions plus pérennes d’hébergement et de travail en Pays de la Loire, ou une possibilité de retour vers leurs anciens espaces de vie lorsque cela est possible…

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