Trait d’union

Récit imaginé par Caroline Kraemer, Marie Journot, Sara Rharbaoui, et Inès Laamari, et facilité par Christine Sausse. dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 6 octobre 2022 en partenariat avec le One Planet Lab, l’EPER, Objectif Terre et le Réseau transition suisse.

Thème de l’atelier :  Et si nous redéfinissions la richesse ?

On s’imagine dans un rêve ! Un jour d’été, en Provence, les champs de Lavande accueillent des milliers de personnes à travers le monde pour apprécier la couleur bleue de la plante et respirer joyeusement son odeur contagieuse. La magie de la nature et son pouvoir de réunir aussi bien les corps que les esprits provoquent un émerveillement collectif qui fait oublier l’individualité de chacun : tous retrouvent l’enfant intérieur, insoucieux du lendemain incertain : on entend des rires, des fredonnements, des sifflements, bref la joie règne merveilleusement bien les lieux. Les gens sont également attirés par une maison au cœur du champ qui ne semble pas être une propriété privée et dont les portes sont ouvertes à tout le monde.

Donna, une femme de cinquante cinq ans, petite, menue et à la chevelure rouge vivait paisiblement, depuis plusieurs années dans cette grande maison au milieu de la nature. C’était un endroit paisible et inspirant dans lequel elle avait pour habitude de recevoir de nombreux villageois afin de les aider à trouver ce pour quoi ils étaient faits. Elle avait pour surnom au sein de la communauté, « la réveilleuse de dons ». Dans le monde d’avant, elle travaillait dans une grande banque. Depuis la disparition de ce système, elle avait, par la force des choses, changé de voie et elle se sentait heureuse dans ce nouveau rôle. En partant à la découverte de son monde intérieur, suite à la disparition de son ancien métier, elle avait décidé d’accompagner les autres dans cette démarche.

Pendant ce temps, Trianna s’amochait les genoux et les paumes comme des blessures de guerre dont elle était fière. Cette planète était son terrain de jeu. Gratter la terre, arpenter les roches, nager, voler, sauter. Tout était prétexte à glisser sur les épaules du monde. Cette curiosité, cette sur-présence au réel la mena immanquablement sur les traces mythiques du passé : un jour, elle tomba sur une mallette au cuir poussiéreux rempli de lingots d’or et de liasses de billets. L’ensemble brillait au soleil et faisait pétiller les yeux des enfants du village d’un éclat qui inquiétait les parents. Petit à petit, les gens s’amassèrent en troupe autour de Trianna. Des cris de surprise s’élançaient dans le groupe. Les enfants ne comprenaient pas ce qui pouvait susciter l’indignation et la fascination des adultes.

La vision de ces quelques pièces réveilla dans le souvenir des anciens, qu’autre fois, l’argent s’échangeait contre du temps donné au travail. Aujourd’hui, Donna travaille certes à ce que chacun trouve un épanouissement et soit nourri de son activité quotidienne. Mais pour combien la frustration est-elle encore présente ? Avec cette sensation pesante de ne pas aboutir leurs envies. Car oui, se perfectionner, faire les choses « biens », demande du labeur, de la patience … Dans ce passé, chacun avait au moins la satisfaction de recevoir de l’argent qu’on appelait « Salaire », travail accompli ou pas. Donna mesure en cet instant qu’il est primordial de développer cette envie immense de se réaliser, pour soi, pour ses proches, pour le lien à l’autre qui est constructif. Notre réalisation existe aussi par le regard de l’autre. Elle comprend que Trianna, qui vient perturber cette vie paisible, est en fait porteuse d’une richesse matérielle … Alors Donna, la « réveilleuse de don » cherche le don dissimulé… ! Et elle s’interroge : Pourquoi cette enfant ? Pourquoi à ce moment là de l’histoire ? … Ses journées sont désormais consacrée à comprendre le sens de tout cela et à saisir de quel bois Trianna est façonnée. Au fil des jours elle finit par lui reconnaître le don du libre arbitre. Oui, nous avons la possibilité de faire choix de nos vies ! Donna a été banquière, elle a usé cette vie passée, à regarder les gens se crever pour rembourser des emprunts sans sens et toujours au service de ce dieu confort ! Puis elle a découvert combien le lien à l’autre était porteur, apaisant et rendait la société mature. Cette petite fille se situe comme un trait d’union entre le passé et l’avenir ! Et cela fait du bien à Donna de réaliser que le passé contribue au présent, que tout a du sens, même l’insensé !

Cette découverte a replongé la communauté dans le monde d’avant et fait ressurgir de nombreuses frustrations matérielles qui ont été cependant vite oubliées.
Pas d’inquiétude. Donna plus que jamais continue son travail d’éveilleuse. Trianna a prit goût à la sereine compagnie de Donna et cherche elle aussi maintenant à éveiller la richesse chez l’autre : Faire éclore cette lumière qui brille alors dans les yeux de chacun.e !

L’idée de vivre avec une mémoire qui oscille entre le passé et le présent les enchante et les remplit d’espoir.

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