Sama en alternance

Récit imaginé par Roséane Hoyek, Sébastien Follet et Loubna Laaziz, et facilité par Valdie Legrand dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 19 juillet 2021 en partenariat avec le Lab BPI

Thème de l’atelier : Et si en 2041, la place du travail et de l’entreprise dans la société étaient radicalement différentes de celle de 2021 ? 


Comme tous les dimanches matin, je me dirige à vélo vers le marché de mon quartier avec ma coloc Véronique, 71 ans et grand-maman de 3 petits enfants. Nous arrivons à la place des fêtes, pour faire nos achats hebdomadaires en fruits & légumes. En observant la hausse des prix de mon panier moyen chez mon primeur habituel, je le questionne sur la raison de cette addition élevée. Il m’explique alors que la sècheresse de ces dernières semaines a détruit une bonne partie des récoltes locales et que cette problématique se traduit par une pénurie de fruits et légumes. Comment vais-je continuer à me nourrir ?

Au moment de faire le choix pour mon alternance, la discussion avec mon primeur me revient, la question alimentaire m’obsède ! Mes études d’agronomie doivent me permettre de contribuer à ces questions et je choisi d’intégrer AlimenTerre, une entreprise qui exploite des fermes urbaines. Pour cette année d’alternance imposée, je serai dans l’entreprise une semaine sur deux, trois jours par semaine, le rythme de travail depuis 2038 pour répondre au besoin d’un meilleur partage de celui-ci, pour un salaire fixé à 55% en monnaie locale et 45% en monnaie universelle.

Cette entreprise coopérative vient de gagner un appel à projet national pour développer la valorisation des eaux usées comme intrant pour ses cultures, je dois porter le projet. Mon premier jour en entreprise consiste à constituer une équipe avec d’autres membres de l’entreprise ayant exprimé leur motivation pour ce projet. En arrivant dans les locaux, je découvre un espace de travail disposant de tous les outils de travail à distance, la liberté est grande, mais je sais que je viendrai régulièrement au bureau, les échanges physiques restant primordiaux pour la qualité des relations et du travail dans la durée. Lors du temps d’accueil des nouveaux arrivants, je raconte comment cette problématique d’autonomie alimentaire a orienté mon choix professionnel.

L’objectif de mon projet sera de développer un système d’alimentation en eau et nutriments issus de nos déjections pour alimenter nos serres hydroponiques qui doivent fournir le marché central du 12ème. Paris n’est pas encore autonome, loin s’en faut, mais près de 10% des fruits et légumes sont produits à l’intérieur de la petite couronne et notre système doit contribuer à augmenter cette part.

Après 6 mois de phase pilote, les résultats sont excellents : 40 % d’économie d’eau dans la gestion de la serre hydroponique, 60 collaborateurs embarqués dans cette phase pilote et intéressés pour aller plus loin dans la recherche de solutions et un grand soutien d’AlimenTerre. Cette entreprise m’a laissé exprimer mes compétences, j’ai maintenant décidé de m’y investir en tant que sociétaire, je peux à présent participer à la gouvernance.

Le projet a fait ses preuves, comme prévu dans l’appel à projet, nous le proposons sur la plateforme de diffusion open-techno de la BPI afin qu’un maximum d’acteurs s’en emparent. En quelques mois, des collègues de Londres, Dakar et Lisbonne ont déployé la technologie qui fonctionne malgré les conditions différentes. Il permettra de développer l’économie circulaire de proximité, le verdissement de nos métropoles et l’autonomie alimentaire ! Je me sens désormais pleinement impliquée et contributrice dans l’avancement et l’amélioration de la société.

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