Récit du Vieux Chêne de la selve de Bellano

Récit imaginé par Amélie Bonnin, Hélène, Clément Pascale Fesquet, Jean Tuloup et facilité par Vanessa Weck dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 2 décembre 2021.

Thème de l’atelier : « Le lien dans l’adversité, quels récits imaginer pour créer, entretenir ou réparer des liens dans un contexte d’effondrement? ». Atelier mené en collaboration avec Charline Schmerber, praticienne en psychothérapie éco-anxiété.


Un temps de soleil et un temps de lune pour parler de nous en 2035, récit du Vieux Chêne de la selve de Bellano. dernière forêt de notre vieille Europe.

Du haut de ma canopée, j’observe le réveil des mondes à mes pieds à l’heure du soleil qui monte dans le ciel. La vie s’agite en bas : un humain émerge de sa cabane perchée sur une de mes branches, et s’étire en contemplant la danse des écureuils sur mon écorce.  Une légère rosée tapisse mes feuilles, et déjà les fourmis en colonnes viennent boire à cette source. Plus bas, une humaine âgée marche lentement vers la fontaine qui constitue le coeur du village des petites maisons de bois, les « Tiny Houses ». Elle est rejointe par une petite fille escortée d’un louveteau.

L’eau  est aujourd’hui au coeur de nos vies, que l’on soit végétal, animal ou humain. Il y a peu de temps encore, l’animal humain ne la considérait pas… elle était gaspillée, polluée. Pour elle il s’est battu, entretué.  Elle a provoquée les pires des guerres, des atrocités, des divisions. Il a fallu de rudes sécheresses et sa raréfaction pour la rendre précieuse. Chaque goutte est appréciée à sa juste valeur. Une valeur vitale. L’eau que je fabrique et que je reçois, l’eau que l’on célèbre et qui réunit.  Moi. le Vieux Chêne, je suis témoin de grands changements dans l’esprit des humains.  Ils ont retrouvé les savoirs, se sont inspirés des comportements des autres vivants pour trouver de l’eau, l’économiser, la partager, et lui donner sa vraie valeur. Ils se sont liés à l’eau, ils se sont liés à moi, se sont liés à l’autre. 

A l’heure de la lune, où mes bourgeons se resserrent, j’aime me répéter une phrase de ma mère Chêne..: Qui gaspille l’eau s’isole, qui la partage et la considère se relie aux autres vivants.