Prenez-en de la graine!

Récit imaginé par Adeline Schwander, Adrien Conty, Dominique Brodkom, Jeanne Di Meglio et facilité par Caroline Tosti dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 29 avril 2021

Thème de l’atelier: Et si nous imaginions des îlots de nature protégés de l’espèce humaine ? 


2070, près de la région que l’on appelait par le passé la Camargue, un îlot de nature a été créé et est à présent florissant. Il permet le développement d’une végétation verdoyante. De nombreuses espèces y ont trouvé résidence, animales et végétales sans que l’on n’en sache plus que ça d’un point de vue humain. À l’extérieur, on peut y entendre le bruit du silence de la nature. On y perçoit des chants d’oiseaux qui se mêlent les uns aux autres et y sentir des arômes et odeurs qui nous rappellent à nos souvenirs d’enfance.

C’est là, au-dessus de la canopée de cet îlot, que l’on aperçoit le vol d’un oiseau, qui vient faire immersion dans le royaume des hommes, ces zones où l’espèce humaine a continué de vivre durant ces dernières années. Lors de son escapade, l’oiseau remarque un regroupement d’humains sur une zone humide, observant tous ensemble le sol d’un air circonspect. Après quelques minutes, l’oiseau voit les individus repartir, chacun dans une direction avec la sensation qu’il va les revoir bientôt. 

Vendredi soir, Nouvelle réunion extraordinaire. Ce besoin de comprendre. A l’ordre du jour, conclusions de l’observation de la plante inconnue. Les résultats ont été affichés : densité des feuilles, odeur, couleurs et variété de nuances …  Les spécialistes de l’état ont été invités. Des sommités ! Fleuries de prix ! La plante est là, presque sous cloche. Un grand périmètre de sécurité a été tracé. Toutes les chaises ont été installées à une certaine distance. Celles occupées par « les experts », celles  des Anciens, les chaises réservées aux jeunes de la communauté, les sièges vides laissés là, bien en vue pour nous rappeler d’écouter la voix des « sans voix » de la nature, Un grand registre des questions et des interrogations de la communauté est au milieu de l’espace. C’est Marcelin qui doit lire toutes les inquiétudes autour de la plante. Les adultes se demandent si il faut éloigner les enfants, si on peut la toucher, pourquoi elle pousse si vite, dans quelle classe on peut la catégoriser, comment se positionner si elle est inclassable, d’où vient-elle ? La Question : d’où vient-elle ? Des observations ont été faites tout autour de l’îlot préservé, pas de trace de ce végétal étrange. L’inquiétude a amené des tensions dans la communauté. Ce soir, il faut en parler absolument. La parole est donnée d’abord aux experts. Perplexes. Pas d’accord. Marie a été tirée au sort pour distribuer la parole et elle a bien à faire. Les débats sont houleux et stériles. Pas de réponse aux questions. Antonin doit faire respecter le temps réservé aux « sans voix », alors, c’est le silence, chacun est invité à imaginer la voix de la Terre, celle des oiseaux, des mammifères, des insectes, des végétaux de l’espace protégé, Ce temps est essentiel à cette écoute.  C’est sacré ! Seuls les enfants peuvent rompre ce temps de silence ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….. Et puis, un des enfants de la petite école vient  s’asseoir à cette nouvelle assemblée extraordinaire de la Terre. Il observe depuis plusieurs semaines ce goéland argenté de grande envergure, car il le trouve majestueux et sauvage. Il remarque aussi que les adultes et les personnes âgées se questionnent et s’interrogent sur l’origine de cette plante aux couleurs vives. Des plantes qui n’existent pas dans notre territoire. Quand le calme se fait, il se lève et déclare en souriant :  c’est le goéland qui fait tomber des graines dans différents endroits chez nous. Et à partir de ces graines, poussent ces fleurs magnifiques. Tous les experts regardent le petit Jean, stupéfaits. L’un des experts s’approche alors de lui, le prend par la main et va le placer parmi eux..