Où est la richesse ?

Récit imaginé par Justine Garnier, Julie Scotton, Nitya Zysset, Cédric Liardet, et Wladimir Dudan lors de la soirée de lancement de futurs proches à Lausanne, le 30 janvier 2020.


Jean-Yves fait partie des privilégiés de Lausanne et a des a priori sur les bidonvilles auto-gérés de la ville, notamment celui de la barre du Simplon.

Ancien banquier, il a été licencié suite à un violent burn out, dont il garde aujourd’hui des séquelles: il ne peut plus se concentrer. Son passé de banquier lui permet néanmoins de vivre dans les beaux quartiers de la ville. Louise, elle, habite la barre du Simplon, elle est querelleuse, sage-femme et enceinte: c’est une enfant de l’effondrement.

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Les trains ont déserté la ville, mais la gare, qui jouxte la barre du Simplon, est restée un lieu d’acheminement de marchandises. Les wagons, tractés manuellement, permettent de faire circuler les différentes ressources nécessaires à la survie des citadins. Le Parc de Milan est devenu un potager géant qui continue à s’étendre le long de l’avenue de Cour, engloutissant les routes et les jardins des particuliers. Accolée au parc, l’avenue de la Harpe abrite désormais l’immense marché à ciel ouvert où l’ensemble du quartier s’approvisionne en toute chose. Ce marché regorge de stands variés. On y croise les producteurs locaux de fruits et légumes aux côtés des vendeurs d’objets de seconde main. Adeptes du recyclage de vieux matériels électroniques, les habitants de la barre du Simplon se retrouvent pour y vendre leurs créations.

Il n’est plus possible d’accéder à internet en raison du manque d’énergie pour produire de nouveaux disques durs. Les bibliothèques retrouvent leurs places centrales dans la société. Les réseaux sociaux sont inutilisables, les habitants ont donc inventé des lieux réels pour échanger et partager l’information. Seuls quelques personnes ont accès au réseau. Louise ne fait pas partie des privilégiés, elle a toujours vécu dans un bidonville.

En octobre, c’est le traditionnel festival annuel des semences où Jean-Yves tient un stand de semences de plantes médicinales. Le jardinage est sa passion et il s’y consacre pleinement depuis son licenciement. Il a acquis une grande connaissance en herboristerie.

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Louise, enceinte de 9 mois, se rend au marché dans le but de trouver des plantes apaisantes en vue de son accouchement imminent. Elle est inquiète, les douleurs s’accentuent, et les tisanes qu’elle a l’habitude de boire ne sont plus suffisantes pour la calmer. Elle fait la connaissance de Jean-Yves sur son stand qui la conseille et lui trouve les plantes que Louise recherche. C’est à ce moment là que les contractions commencent.

Jean-Yves se précipite à ses cotés pour lui venir en aide. Il laisse son stand sans surveillance et l’accompagne jusqu’au bidonville de la barre du Simplon où Louise habite.

Depuis l’installation des bidonvilles auto-gérés, Jean Yves a pris pour habitude d’éviter ce quartier. Mais malgré ses réticences ,l’appel à l’aide de Louise prime. Louise y accouche, Jean-Yves l’aide jusqu’au bout. Deux mondes se rencontrent et ce dernier devient le parrain de l’enfant.

Quelques mois plus tard, suite à la saisie de son appartement par les gangs des banquiers, Jean-Yves a été accueilli à la barre du Simplon comme résident permanent. Il est finalement devenu le pharmacien et joue un rôle important dans le soutien de cette communauté.

Nos deux amis se rendent compte que les bidonvilles auto-gérés sont la solution car ils permettent un réel partage des richesses entre ses résidents. L’argent a été remplacé par un partage bienveillant des ressources morales et matérielles.