Mon dernier espoir

Récit imaginé par Camille PELLOUX-PRAYER, Amélie COUAVOUX et Marie BOUSQUET et facilité par Lauriane Pouliquen-Lardy dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 7 décembre 2023 en partenariat avec l’ADEME

Thème de l’atelier : Et si la France était neutre en carbone en 2050, dans le scénario 4 ?


07 décembre 2050,
38°,
Bretagne, France

Cher petit fils,

Je ne sais pas encore comment tu t’appelles ni si j’aurais l’occasion de te rencontrer un jour mais j’ai décidé de t’écrire cette lettre qui relate tous les regrets que j’ai pu accumuler tout au long de ma vie. Je n’ai pas eu la force ni le courage de me battre pour faire changer les choses mais j’ai espoir que ta génération en soit capable et ne baissera pas les bras, même s’il est déjà trop tard.
Avant tout permet moi de me présenter: je m’appelle Frédérick j’ai 75 ans et je vis en Bretagne. Je m’y suis expatrié il y a bientôt 15 ans lorsque ma ferme a été rachetée par l’état pour participer à l’effort écologique. Je n’ai pas supporté la transformation de mon petit coin de paradis en une énorme exploitation agricole de masse, alors je suis parti me réfugier dans le Morbilhan, là où les températures sont encore soutenables. Tous les matins je respire l’air de l’océan et je pense à tes parents restés dans la mégapôle, perdus entre hyper-technologie et euphorie.
Ce matin, en écoutant les notifications personnalisées de mon IA, j’ai appris ta naissance. Plus précisément entre l’annonce d’une nouvelle inondation à Montpellier et du blocage des réseaux ferroviaires sur l’ensemble du territoire. Ce message, pourtant annoncée avec l’indifférence habituelle de « Brigitte » (mon robot de compagnie), m’a fait l’effet d’un électrochoc. J’avais oublié le bonheur qui accompagnait l’arrivée d’une vie nouvelle et, partagé entre la joie et mes angoisses, je suis resté paralysé sans savoir comment réagir.
J’ai décidé, pour mes dernières années sur Terre, d’essayer de faire changer les choses. Je sais que ma prise de conscience arrive avec 25 ans de retard mais pour toi, petit-fils, je ne perdrai pas espoir. Je ne veux plus rester dans le déni.

PS : Je ne pense pas que tu recevras cette lettre avant 2065, je ne sais d’ailleurs même pas comment te la poster. Toujours est-il que tu ne sauras sûrement pas comment l’utiliser. N’ai pas peur de l’inconnu, le papier est fait essentiellement de matériaux naturelles et ne comporte pas de technologie. Il n’y a pas de mode d’emploi, tu dois simplement la lire et la vivre avec les émotions qui te traversent.

                                                   Ton grand père qui t'aime déjà et pour toujours.