Midi moins une : il était temps !

Récit imaginé par Alice CRETY, Sylvie CURLOZ, Laurie BARANT. Adeline BETTINGER, et facilité par Géraldine HUET dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 6 avril 2023 en partenariat avec Maxime Barluet de Beauchesne.

Thème de l’atelier :  Et si demain, les entreprises vivaient au rythme des saisons ? 

 

Bonjour, je suis Sonnie, je travaille pour l’entreprise midi moins une, basée sur l’aiguille du midi. Je fais partie de conseil d’administration de l’entreprise mais je suis également salariée. J’assure la fluidité du mouvement inter-organisationnel. En 2032, notre entreprise a dû s’adapter à un nouvel environnement. Je vais raconter comment notre entreprise a su rebondir pour transformer cette nouvelle contrainte en opportunité.

Nous sommes en janvier. Il faut s’imaginer qu’il y a 35 ans à la même époque le sol était recouvert d’une neige de plusieurs dizaine de cm d’épaisseur.

Le Mont Blanc n’a désormais plus de neige et ça fait les gros titres. La compagnie du téléphérique de l’aiguille du midi n’a plus d’utilité. Le paysage de la haute montagne a complètement changé. Le minéral a remplacé la neige. Les humains ont déserté l’endroit qui est à nouveau colonisé par les animaux. La compagnie du téléphérique doit prendre une décision : soit démanteler son installation, soit lui donner une nouvelle utilité. Démanteler coûte très cher et signerait l’arrêt de l’entreprise. Elle choisit de transformer son activité et réfléchit : comment réorienter ses équipements obsolètes ?

Avec l’annonce de l’arrêt des canons à neige par la loi d’orientation et d’avenir de la montagne de 2032, l’augmentation de la température de +3,1 degrés, la diminution des deux tiers de l’enneigement, nous avons compris que notre rapport à l’hiver et aux saisons avait par trop été faussé. Quand hibernaient les marmottes, nous mettions sur les pistes des milliers de gens à l’activité frénétique. Quand partout on prônait l’innovation, nous restions figés, incapables du même mouvement que ces skieurs qui dévalaient nos pistes artificielles. 

Les téléphériques d’hier vous emmenaient voir la neige ? Ceux d’aujourd’hui vous ramènent les pieds sur terre ! N’était-ce d’ailleurs pas là, leur première utilité ? De vous reconnecter à la nature (et à votre nature), quelle que soit la saison ? Dorénavant c’est 50 nuances de verts au printemps et de marrons l’hiver. Mais qui sommes-nous pour ne pas apprécier le marron ? Les téléphériques sont à présent des hauts lieux d’éducation et chaque année ils accueillent le sommet international de l’adaptabilité. A chaque saison un nouvel apprentissage : on y vient l’été pour … l’automne pour …, l’hiver pour … et au printemps pour …  .

Les cabines du téléphérique ont été transformées en espace polyvalent où l’on vient prendre de la hauteur, le temps d’un « tour de manège » que l’on s’offre ou que l’on offre à quelqu’un pour avoir de nouveau une vision plus claire, s’inspirer, se ressourcer. 

On peut soit y dormir, soit s’y réunir pour observer les étoiles. Le printemps on peut semer des graines en les jetant par la fenêtre pour continuer de créer de la biodiversité avec des nouvelles plantes qui s’adaptent mieux à la chaleur.  Chaque saison offre une expérience différente.