Ma campagne contre la République de l’Economie Sociale et Solidaire

Récit imaginé par des adhérents de la CRESS, dont Margot LAGNIER (France Active Savoie Mont-Blanc) et Joël MOULIN (Le Mouvement Associatif) et facilité par Hélène OBERT dans le cadre de l’atelier proposé par Futurs proches et la CRESS Auvergne Rhône Alpes, réalisé le 18/01/2022.

Thème de l’atelier :  Nous sommes en 2027, depuis 5 ans la France vit, bon an mal an, en « République de l’économie sociale et solidaire » grâce au travail de plaidoyer qui avait été fait par le mouvement de l’ESS lors de la campagne présidentielle de 2021-2022  


Un certain nombre de mesures fortes ont été prises ces 5 dernières années, notamment celle-ci : désormais, un revenu garanti est attribué à tous les citoyens, leur permettant de satisfaire à tous les besoins fondamentaux (alimentation, transport, logement, culture, socialisation …).

J’avance à pas rapides dans les rues de la capitale. Arrivé à Paris Gare de Lyon, je retrouve mon équipe de campagne. Après la révolution de 2022 et la mise en place en France d’une République de l’Économie Sociale et Solidaire, je me suis juré d’accéder au pouvoir en 2027 pour renverser ce nouveau gouvernement d’écolo-progressistes. Mon directeur de campagne m’a conseillé de me rendre dans un quartier populaire de Romans-sur-Isère pour un micro-trottoir avec les habitants. A la mise en place de ce fameux revenu minimum garanti pour tous il y a 5 ans, des opposants à cette mesure idiote et dangereuse avaient incendié le Centre social et initié les premières émeutes du pays. Ils avaient reçu bien sûr tout mon soutien!

Une fois sur place, j’interroge les habitants du quartier sur leur quotidien dévasté par cette République de l’ESS. Rapidement un homme se présente à moi comme David Huel, Directeur du Centre social. J’accepte avec grand plaisir son invitation à me rendre au Centre social, lieu emblématique de la résistance contre le revenu universel. Mais quel choc ! Mes propres partisans m’interpellent et me contredisent : contre toute attente leur vie serait en fait bien meilleure grâce à ce revenu garanti!

Jacques, retraité du quartier : « J’ai travaillé toute ma vie. C’était inadmissible pour moi de voir des jeunes oisifs. Mais, après quelques années, ces mêmes jeunes qui traînaient dans les rues à vendre je ne sais quoi s’impliquent dans la vie romanaise. »
Léa, jeune diplômée : « En tant qu’étudiante, la vie a été rude pendant la crise du covid-19 quand je ne pouvais plus faire de petits boulots à côté de mes études. Aujourd’hui, le travail est un épanouissement. Il n’est plus nécessaire pour survivre. »
Eric Dirigeant d’une start up dans le numérique : « Le revenu garanti allait contre tous mes principes d’entrepreneur. Après beaucoup d’inquiétudes, mon activité se porte bien. Mes salariés sont plus nombreux qu’avant et travaillent tous par vocation ce qui les rend plus productifs. »
Elsa animatrice au Centre social : « La République de l’ESS a bouleversé nos vies. Pour certains, s’adapter à ces changements a été une épreuve. C’est pourquoi David Huel a eu l’idée après les émeutes de 2022 de créer un espace de dialogue avec les habitants. Je pense que cela a beaucoup aidé les résidents du quartier à passer ce cap. » 

Silencieux, le regard vide adossé à la fenêtre de mon TGV de retour pour Paris, je repense à leurs témoignages. J’ose à peine l’admettre, mais cette question me trotte dans la tête : le revenu garanti fonctionnerait-il ? 

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