Le nouveau crieur

Récit imaginé par Agnès Chevallier, Mathilde Guyard, Roger Kapp, Hélène Demonfaucon et facilité par Lauriane Pouliquen-Lardy dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 29 avril 2021

Thème de l’atelier: Et si nous imaginions des îlots de nature protégés de l’espèce humaine ? 


Joao, le Crieur de la Plaine de Corse, revient en ce matin d’avril dans la bulle de vie de Champignonville, le sac à dos plus lourd sur les épaules que la veille. Empressé de rentrer à Champignonville, il ne remarque pas que son sac fait quelques grammes de plus.

Le métier de crieur est exigeant. Joao ne possède rien qui ne soit de ce monde. La nature pourvoit à ses besoins. Il s’abreuve aux ruisseaux dont l’eau a retrouvé sa nature première. Claire, limpide, désaltérante. Le gîte lui est offert par le repli d’un terrain. Seule obligation pour lui: dire la vérité. Prix dont il n’a jamais senti le poids, jusqu’au jour de cette rencontre. Mais maintenant, que faire suite à sa découverte inattendue, voire inespérée d’un petit animal, un plaisantin, bien curieux, qui s’est discrètement glissé dans son sac à dos. 

Photo de sharedpalette sur flickr

Joao n’est pas qu’un simple crieur des nouvelles observées dans le sanctuaire. C’est un jeune homme d’une trentaine d’années, le teint hâlé pas ses expéditions et l’envie de partager les beautés et les moments de vie qu’il a partagé avec la nature préservée du Sanctuaire.

Peu de temps avant d’arriver à la bulle, presque au dernier lacet, Joao croise tout à coup le groupe des Antis. Ces contestataires, il les connait et il pressent que sa nouvelle découverte risque de ne pas leur plaire. Impossible de les éviter, la sueur lui coule dans le dos. « Surtout faire en sort que l’animal ne bouge pas, ne soit pas repéré » pense-t’il.

Que pourrait-il faire ? Pour détourner l’attention il lance son fameux cri « nouvelles, nouvelles de la nature », le groupe le toise en le croisant « rien à faire de tes nouvelles, toujours les mêmes » … Joao se dit qu’il a réussi son coup de bluff mais juste au moment de les dépasser, voilà son sac qui s’agite, qui frétille, il le sert un peu plus fort contre lui, tente de maîtriser les soubresauts. Le groupe des Antis s’arrête, lui barre le chemin, « c’est quoi ton truc là ? tu as piégé un animal ? un crieur qui  dévalise la nature ça serait un scoop ! »… Joao commence à déclamer sa nouvelle extraordinaire, le groupe des Anti est tout à coup interloqué, sidéré, la nature ayant repris ses droits elle a évolué à sa guise et un nouvel animal est né.

Parmi le groupe des Antis, Joao remarque un enfant qui ne semble pas prêter attention aux questionnements qui fusent de toutes parts. Pour faire diversion, Joao aimerait lui donner la parole, mais il ne le voit plus, comme s’il s’était volatilisé. 

Devant lui, les antis se font pressants …

L’enfant est déjà loin sur le chemin … l’animal avec lui.