La coupure

Récit imaginé par Amina.L, Giulia.B, Marie.L et Sophie.B, et facilité par Hélène Chesnel dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 14 décembre 2023 à l’Université de Nantes.

Thème de l’atelier :  Et si, en 2050, l’eau était devenue un bien commun et préservé ?


Dominique S, hôtelier notable de l’île de Ré, tente de poursuivre son activité suite la fermeture contrainte de son spa il y a une dizaine d’années. Un jour de décembre 2053, il reçoit par mail une lettre de la préfecture l’informant de la nouvelle mesure d’obligation de solidarité qui implique qu’il reçoive la semaine suivante des réfugiés climatiques.

Nafissatou, jeune peul de 19 ans, ancienne bergère malienne, vient d’apprendre qu’elle va être accueillie à l’île de Ré sur une place d’urgence dans un hôtel, après 3 mois en centre de rétention.

Le jour J, elle arrive à l’hôtel de Trousse Chemise en navette depuis La Rochelle avec son sac composé du minimum. Elle frappe. Dominique S ouvre la porte, bougon et marmonne un semblant de bonjour dans sa barbe, précisant qu’on lui avait imposé cet accueil…

Les jours passent dans une ambiance froide entre clients, Dominique S et Nafissatou, qui, discrète, essaie néanmoins de s’intégrer avec les clients et le staff de l’hôtel.

Un soir, une coupure d’eau, cette fois-ci plus longue qu’habituellement, exaspère tous les locataires qui se réunissent dans le hall de l’hôtel : « Y en a ras le bol de ces restrictions pendant qu’il y en a qui ne paient même pas l’hôtel ». La tension monte entre, d’un côté, les clients vacanciers et, de l’autre, Nafissatou, pendant que Dominique observe à distance la scène.

Nafissatou intervient alors : « je n’ai pas demandé à être là mais sachez que j’avais encore moins d’eau que vous pour m’occuper de mes chèvres ». Et c’est ainsi qu’elle se met à raconter sa vie au Mali et son parcours migratoire faisant suite aux multiples pénuries et conflits dans sa région. L’émotion remplit le hall tandis que Dominique S, les larmes aux yeux, se rapproche de Nafissatou pour lui prendre la main, bouleversé par son témoignage.

Les jours suivants, les tensions se sont apaisées, l’eau est revenue. Le témoignage de Nafitassou a permis de considérer que les restrictions d’eau et son usage frugale étaient finalement toutes relatives.