La catastrophe industrielle d’OPES

Récit imaginé par Owen Noblet, Cassandre, Arthur Bachelot et facilité par Hélène Chesnel dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 4 octobre 2023 en partenariat avec l’ADEME

Thème de l’atelier : Et si la France était neutre en carbone en 2050 grâce aux technologies vertes (scénario 3) ?


« Mais vraiment, Montpellier c’est incroyable ! Je suis arrivée il y a seulement deux jours mais j’ai déjà pris le temps de visiter le centre ville. C’est vraiment magnifique, ça me change tellement d’Avignon ! Ici, les bâtiments sont beaucoup plus hauts et végétalisés. Et les voitures sont interdites dans le centre ! Le silence, c’est si agréable, et puis il y a tellement de services de transport disponibles. J’ai testé leurs vélos électriques en libre service, je pense que je vais prendre un abonnement annuel. Oh mince, désolée, je dois te laisser, j’ai un rendez-vous dans la ferme urbaine du quartier avec le responsable de mon association. Tu te souviens, l’association pour les produits bio ? On va parler de la mise en place d’un potager collectif. Ils sont a-do-rables et en plus, j’ai plein de jours de télétravail, c’est génial. Bref, je te laisse, on se rappelle plus tard! » Johanna raccrocha, attrapa rapidement son sac à dos préféré, fabriqué en coton bio (évidemment), prit son casque de vélo et quitta son petit T2 au 12ème étage de son immeuble. Elle marcha 2 minutes avant d’atteindre la station de Mont-vélec la plus proche.

Johanna se rendait alors à la ferme urbaine en vélo électrique lorsque son téléphone se mit à sonner. C’était son ancien maître de stage qui l’appelait pour une affaire judiciaire liée à OPES (l’organisme de production des engrais de synthèse). OPES était la multinationale implantée autour de Montpellier qui produisait la totalité des engrais de synthèse de la région. Cette entreprise était largement critiquée pour sa consommation d’énergie et de matières premières et était très controversée à Montpellier. L’un des entrepôts de la compagnie venait de prendre feu la veille, provoquant d’énormes dégagements de fumée. Heureusement, les bâtiments rénovés étaient faits de matériaux intumescents, permettant ainsi la réduction des fumées.

De facto, la ligne de navette autonome était temporairement bloquée. Ceci pénalisa fortement les riverains, qui dépendaient énormément du réseau de transport. Les plus touchés étaient les travailleurs, immobilisés, qui vivaient déjà dans des conditions précaires. Les inégalités furent ainsi décuplées à cause de cet incendie ravageur. De plus, la libération de nombreux produits chimiques accentua les émissions de C02éq d’OPES dont le bilan carbone était encore élevé. En effet, l’entreprise controversée utilisait encore des énergies fossiles. L’effet rebond fut très important après cette catastrophe industrielle.

Johanna ressortie troublée de cet appel imprévu. « Les catastrophes industrielles de ce type se multiplient de plus en plus ces derniers temps » pensa-t-elle. Après son entrevue avec le chef de l’association, elle fit le chemin inverse pour rentrer à son appartement. Sa première affaire judiciaire post-diplôme s’avérait être un défi de taille. Il s’agissait pour elle de déterminer, qui, parmi les industriels ou les agents de maintenance, étaient responsables de l’incendie, ce qui n’était pas une mince affaire. Elle s’assit à son bureau en bois de hêtre, alluma son ordinateur portable. « Foutu OGM », souffla-t-elle.