Interview à l’antenne nantaise – le 8 décembre 2028

Récit imaginé par Lauriane Pouliquen-Lardy, à partir de l’atelier et du récit créé par Carole Zagouri, Lauriane Pouliquen-Lardy et Hélène Chesnel dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 8 décembre 2021 en autofacilitation.

Thème de l’atelier :  Imaginons le futur de futurs proches


Interview chez Futurs Proches Nantes, l’antenne de l’association participative loi 2024 Futurs Proches née en 2021, réalisée le 8 décembre 2028 par Marie à la prise de son et Nathalie pour les dessins. 

« Nous sommes aujourd’hui en immersion dans l’antenne nantaise de Futurs Proches et allons vous faire découvrir plusieurs facettes de leurs activités.

Nous avons le plaisir de débuter avec Hélène, l’une des auteures du récit ‘L’envolée des écoles’ publié dans le premier recueil illustré de Futurs Proches. Bonjour Hélène,

– Bonjour.

– Pouvez-vous nous raconter ce que c’est pour vous l’aventure Futurs Proches ?

– Alors pour moi ça a commencé en novembre 2021, et le premier atelier auquel j’ai participé portait sur la décroissance et avait été organisé en collaboration avec Génération Ecologie. C’est rigolo, c’est la première fois que j’ai rencontré Lauriane, elle était la facilitatrice de mon groupe. J’avais déjà envie de faire partie de l’aventure. J’ai donc commencé à faire partie des bénévoles, et je n’ai pas arrêté depuis.

– Vous pouvez nous en dire plus sur votre rôle de bénévole aujourd’hui ?

– Aujourd’hui, quand on est membre bénévole comme moi, on vient en renfort des chargés de projet. Ce sont vraiment eux, avec le collectif de salariés des différentes antennes qui organisent les évènements. Une fois que les dates et le nombre de personnes attendues sont fixés, ils font appels à nous. On a un petit temps de briefing avant l’évènement pour voir quels outils sont utilisés, si des ajustements ont été faits, s’il y de gros changements alors on prend un temps plus conséquent pour qu’ils nous forment. Comme on est bénévoles, on ne vient que si le thème nous inspire et surtout si on est disponible. Et puis, on peut aussi participer en tant que participant. En général les bénévoles qui souhaitent participer sont invités. Moi j’adore rencontrer de nouvelles personnes et voir comment on va imaginer un récit ensemble.

– Alors justement, ce récit ‘L’envolée des écoles’, vous pouvez nous en dire plus ?

– Avec plaisir ! C’était au cours d’un gros projet mandaté par la ville de Sainte-Luce-sur-Loire, en partenariat avec les associations de parents d’élèves et les équipes enseignantes de toutes les écoles de la ville. Je participais en tant que maman d’élève, avec mon fils Elio. C’était vraiment génial. Les parents et les enfants, on a tout de suite été impliqué dans le projet. L’idée c’était de revoir les espaces extérieurs et intérieurs des écoles. Lauriane, la salariée de l’antenne de Nantes, avec Carole, une des prestataires les plus impliquées, elles ont mobilisé tout un ensemble d’acteurs de la transition pour créer un parcours sur mesure. On a commencé par voir et décharger toutes les peurs qu’on avait. Chaque partie prenante a vraiment pu explorer son monde intérieur, en toute bienveillance et surtout dans un cadre hyper sécurisé. C’était vraiment bluffant, en quelques sessions, les relations dans le groupe avaient totalement changé. On était bien plus connecté.e.s, conscients de la fragilité de chacun, de notre interdépendance. Et du coup, ce récit il est né après une session de danse médecine animée par Sylvain. On était avec le maire de l’époque, Elio et lui ont vraiment créé une vraie connexion, il y avait aussi Martine, une ATSEM d’une autre école. La danse nous a permis de nous connecter à notre énergie vitale, à tous retrouver notre âme d’enfant. Et on a tout de suite vu la magie opérer. Les autres groupes avaient produits des récits complètement différents mais qui nous ont aussi beaucoup touché et inspiré. Quand Lauriane nous a proposé que ‘L’envolée des écoles’ fasse parti de la sélection pour le prix décerné par les écoles pour être publié dans le premier recueil, ça nous a vraiment surpris, mais on était tous très curieux de ce que cela pourrait donner.

– Et oui, donc si j’ai bien compris, plus de 1 200 enfants, de 8 à 11 ans, de 500 classes dans toute la France ont lu puis choisi quel récit ils voulaient voir publié.

– C’est ça. Ce qui me réjouit le plus dans ce projet, c’est de savoir que plus de 1 000 élèves ont pu se nourrir de récits de futurs souhaitables, emprunts de respect, de sororité. Je trouve que ça motive énormément, et je sais déjà que les graines semées commencent à germer. Ça m’enthousiasme toujours autant.

– Je ne sais pas si ça s’entend, mais moi je vois la petite larme qui pointe le bout de son nez. Merci infiniment Hélène pour votre temps et votre implication dans cette formidable aventure. Et encore félicitations pour ‘L’envolée des écoles’.

– Merci et merci à vous de relayer ce message et de faire parler de nous.

– Nous allons à présent à la rencontre de Lauriane, la salariée de l’antenne nantaise. Bonjour Lauriane.

– Bonjour et bienvenue dans notre espace, que nous partageons avec d’autres associations participatives. On ne va pas rester ici, pour ne pas gêner les collègues, mais voilà : ça c’est mon poste de travail, j’ai accès à ces murs, où j’aime voir les projets à venir, suivre ceux en cours et surtout voir la communauté des bénévoles.

– Ah oui, ça en fait du monde.

– Oui, on un a une communauté d’environ 60 bénévoles sur le bassin, plus ou moins actifs et on travaille avec 3 prestataires en freelance avec qui je travaille étroitement. On est aussi en lien avec toutes les autres antennes.

– Alors pour nos auditeurs, on a un ensemble de cartes, avec des punaises et des noms associés. Ça fait combien d’antennes ça ?

– Aujourd’hui il y a 20 antennes actives, principalement francophones. Je crois qu’on a passé la barre des 1 000 animateurs formés le mois dernier. Sur l’ensemble des antennes, on est 8 salariés, et la plupart sont comme moi, à temps partiel pour Futurs Proches. Il y a beaucoup d’antennes qui sont mixtes : Futurs Proches et une autre association participative. Par exemple, ici à Nantes on est très proche de la communauté Bloom pour qui je travaille aussi. En fait j’ai 2 employeurs et une activité d’indépendante, mais toutes sont en lien avec la créativité et la transition. Ce qui m’éclate le plus c’est de concevoir des ateliers en combinant plusieurs outils qui peuvent être développés par Bloom, par Futurs Proches, ou par d’autres partenaires. Le fait que tout soit en accès libre ça simplifie énormément les choses. Et à chaque fois qu’on crée un nouvel outil, on le partage, et ça fait grandir tout le monde. Tiens par exemple, certains des ateliers dont Hélène vous a parlé pour la ville de Sainte-Luce, je sais qu’ils sont en train d’être adapté pour les écoles de Saint-Brieuc. Et ça c’est génial de savoir que notre travail sert et inspire. C’est comme les textes qui sont produits au cours des ateliers, comme ils sont sous la licence creative commons, chacun est libre de les utiliser pour s’inspirer et créer de nouvelles œuvres. Moi j’écris des nouvelles et je m’inspire à la fois des contenus, mais aussi des formats d’ateliers. En fait ce qui me fait vibrer c’est les expériences, ce que les gens vivent. Et du coup c’est ça qui motive la préparation des ateliers et qui nourrit mes créations.

– Si je comprends bien vous inventez des formats d’atelier pour faire vivre des expériences humaines et vous vous nourrissez des expériences pour inventer des histoires pour faire voyager d’autres personnes.

– Oui, c’est ça. En fait, l’idée c’est de toucher un maximum de personnes avec différents moyens et vraiment montrer que mettre le respect au centre de tout ce n’est pas être bisounours, c’est prendre soin de son humanité et que ça permet de transformer les choses. Mais Carole vous en parlera mieux que moi.

– Ah super, merci pour la transition. Merci Lauriane et on suivra avec plaisir vos créations. Donc nous allons maintenant voir Carole, qui est l’une des 3 prestataires avec qui bosse Futurs Proches sur Nantes. Bonjour Carole.

– Bonjour.

– Alors Carole, racontez-nous comment ça se passe avec cette association participative Futurs Proches, comment vous gérez votre activité de freelance.

– En fait, c’est comme un partenaire privilégié. J’organise certains des mandats que Futurs Proches reçoit, selon l’importance du projet, je gère seule, ou avec Lauriane et parfois des membres d’autres associations participatives. C’est très fluide et transparent. On se connait bien et ça nous permet d’enrichir nos pratiques mutuellement. Le fait d’être dans le même espace de travail, ça permet de créer du lien. Quand je travaille sur un autre projet, je parle de Futurs Proches, et quand j’utilise un atelier créé par Futurs Proches ou Bloom, et que j’ai besoin de bénévoles, on a notre convention qui permet que chacun s’y retrouve. On a géré ensemble la montée en puissance dans les écoles d’ingénieur. En 2025, c’est Lauriane qui avait démarché et animé le premier, toute seule, puis en discutant, on a vite vu que nos réseaux étaient complémentaires et qu’on pourrait toucher plus de monde en travaillant ensemble. Depuis la parution du recueil les demandes ne cessent d’arriver. C’est chouette, et en même temps l’enjeu pour moi il est à la COP 29. Ca n’a pas été simple d’arbitrer entre les projets locaux et ce projet international. Pour moi, y’avait pas photo. C’est là que ça se joue, faut mettre toutes les énergies pour aller montrer la puissance de l’imaginaire à Dakkar en juin prochain. Mais ce qui est vraiment passionnant avec Futurs Proches, c’est qu’on s’applique au présent les valeurs que l’on veut voir advenir. Et du coup, ça n’a pas été simple, mais on a pu tous s’écouter, pour de vrai, les envies de chacun, les raisons de chacun. Ca nous a permis de trouver une solution qui va à tous. Moi j’ai décidé d’aller à la COP 29. 7 bénévoles vont venir avec moi et rejoindre l’équipe qui s’est montée avec des personnes des différentes antennes. En contrepartie, je prends en charge la gestion de tout le volet formation des nouveaux animateurs jusqu’à mon départ, puis c’est Lauriane qui prendra le relai. Du coup, avec une négociation délicate, Lauriane a réussi à agencer les plannings des projets locaux pour qu’on puisse répondre favorablement à tous.

– Ah wouhai, vrai travail d’équipe ! et du coup, comment ça se passe cette gestion des outils et de la formation ?

– Très bonne question ! Parce qu’on a maintenant 4 outils Futurs Proches, plus toutes les fresques et les ateliers Bloom, on essaie de simplifier au maximum l’appropriation théorique. On demande toujours aux futurs animateurs de participer au moins à 1 atelier, comme ça ils ont vu le principe. Et dès qu’on peut, les futurs animateurs sont mis en binômes avec des animateurs plus chevronnés. Et puis comme on adapte les outils pour faire du sur mesure, on prend un temps pour briefer les bénévoles. Et puis on apprend à lâcher prise : ce sera jamais comme nous on a prévu, c’est toujours bien mieux, parce que les bénévoles arrivent avec leur histoire, leur bagage, et c’est toujours une rencontre avec les participants. Donc nous on est là pour proposer un cadre, et ils s’en saisissent. Et puis y’a ce qui se vit, ce qui s’écrit et ce qui inspire et change la donne. Mais allez donc discuter avec Nicolas, on a la chance d’avoir dans nos locaux aujourd’hui celui qui a donné beaucoup de sa personne au début de Futurs Proches. Venez, je vais vous présenter. Nicolas, tiens, je te présente Marie et Nathalie de MicroPinceau, elles font une interview dessinée sur l’antenne nantaise de Futurs Proches et sur le premier recueil Futurs Proches.

– Bonjour, enchanté.

– Bonjour Nicolas, yes, c’est chouette qu’on puisse échanger avec vous, ça vous dirait de nous parler de ce que deviennent les récits produits pendant les ateliers ?

– Oui, avec grand plaisir parce que c’est vraiment ça qui fait sens pour moi. Au début on s’est rendu compte que les récits n’étaient pas tous de qualité, alors on a fait évoluer les ateliers pour apporter plus d’ancrage et que ce soit plus concret. Et puis on a vu émerger des textes, des œuvres, des dessins, faits par les facilitateurs eux-mêmes. En fait, à force d’entendre, d’échanger, je crois que ça en a vraiment nourri certains. Et puis des artistes sont venus lire, puis tester les ateliers, et ça a donné de chouettes nouvelles. Aujourd’hui, moi je suis hyper heureux de porter les projets du prix des écoles ou de mettre en son les textes les plus touchants. Et même après 7 ans, on découvre toujours de nouvelles perles. Je crois que le dernier qui m’a ému vraiment fort, il a été fait dans un collège. Le groupe avait vécu un truc pas cool et ils en ont fait une vraie force. Le mettre en mots, ça leur a permis d’en faire autre chose, et le lien que ça a créé entre eux, avec l’animateur et l’enseignant, ça, ça n’a vraiment pas de prix. Alors voilà pourquoi je suis toujours dans l’aventure. La frustration que j’ai c’est par rapport à l’Université, au système universitaire de manière générale. Je crois que j’attendais plus des analyses sémantiques, j’espérais qu’ils s’empareraient du concept. Mais ils ont leurs propres batailles à mener et on n’a pas encore réussi à faire des ateliers au sein même de l’université. Je crois que c’est prévu, mais on ne sent pas l’engouement espéré. Et en fait, c’est pas grave. On voit tellement de projets germer depuis 3 ans maintenant, des changements concrets initiés par des ateliers Futurs Proches, que c’est ça la véritable victoire et c’est ça qui donne l’élan de continuer. »