06 Mai Intergénérationnel
Récit imaginé par Suzanne Lafont, Annelise Meyer, Corinne Nom, Ripa Manukyan et facilité par Elodie Dantard dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 6 mai 2021.
Thème de l’atelier: et si nous imaginions des cours de futur à côté des cours d’histoire à l’école pour libérer les imaginaires des enfants ?
“J’exige que mon petit-fils soit retiré immédiatement de cette école de Hippies” clame Rémi à Flora, la toute jeune directrice de l’école de l’imaginaire. Une école située dans une friche urbaine, avec des cabanes en guise de classes, des jardins partagés, des ateliers comme une menuiserie, une recyclerie, une conserverie, un repair Café, un théâtre de jardin. C’est une école aux airs de ZAD où se côtoient adultes, enfants, tous élèves et enseignants en alternance. Aux alentours, les derniers arbres plantés prospèrent grâce aux soins minutieux des enfants.
Rémi, un ancien du CAC 40, plein aux as, qui ne jure que par le profit, voit en cette école la faillite de la société, le retour à l’obscurantisme et à la misère. Il ne comprend pas ce que fait son unique petit-fils dans cette école de hippies alors qu’il a besoin de préparer sa succession à la tête de son empire. Titouan, lui, est parfaitement heureux dans le groupe. Il apprend des autres enfants et des quelques adultes qui fréquentent l’école. Partage des connaissances, des gestes de protection de l’environnement bien saccagé, écoute et communication non violente font partie des enseignements quotidiens.
A ses cris, quelques enfants accourent.
“Que se passe-t-il, quelqu’un s’est fait mal ? On a entendu des cris !?”
”Tout va bien les enfants, Rémi que vous voyez là découvre l’école aujourd’hui et il est un peu surpris. Que diriez-vous de lui faire faire un tour ?”
Les enfants sont ravis ! Ils prennent Rémi par la main et l’entrainent dans leur royaume.
Premier arrêt : l’entrée de l’école. “Il n’y a pas de porte !” s’exclame Rémi. “”Non, ce n’est pas la peine. L’école est complètement intégrée dans son environnement et est ouverte à tous et toutes. Et puis comme les élèves arrivent comme ils le veulent, dans le respect de leur rythme biologique, il était devenu inutile de garder l’ancienne porte. Mais reste avec nous, on te montrera comment nous l’avons recyclée !”
Ils sont fiers de l’entraîner vers la micro forêt plantée au début de l’année et dont les jeunes pousses sont florissantes en ces premiers jours de printemps. Les enfants peuvent nommer chaque espèce d’arbres, d’arbustes et des quelques plantes comestibles qui ont envahi le terrain derrière la salle de théâtre de plein air. Pour lui, cela se résume à du vert… La porte est visible un peu plus loin.
“Ah, voici la porte ?” s’étonne Rémi. “Oui, elle sert maintenant de décor à notre théâtre, elle est belle là non ?”
Ils lui présentent aussi Mamadou, réfugié du Niger, tapissier dans son pays, le Bénin, et leur a partagé et enseigné cet art raffiné. C’est grâce à lui que tous les fauteuils de la salle du théâtre couverts sont magnifiquement ornés.
Son petit-fils lui montre le petit cabanon en brindilles qu’il a construit avec ses amis. A l’intérieur sur une étagère improvisée il y a un tas de petits cailloux, des feuilles de différents arbres, et les trois billes qui appartenaient à Rémi quand il était enfant, aujourd’hui le trésor de son petit-fils. Les billes brillent dans les petites mains de Titouan, projetant Rémi plusieurs années en arrière, dans son enfance : il se sent de nouveau petit garçon, curieux et plein d’envie d’apprendre et de découvrir le monde. Rémi est hébété de surprise. Il en titube presque. Que de couleurs, que de créativité, que d’enthousiasme, que de diversité, que de partages, que de Vie !
La visite finie, les enfants l’emmènent dans le jardin du carillon où l’attend Flora avec une infusion (du jardin) et des madeleines toutes chaudes sorties du four à bois. Rémi mord dans la madeleine. Il revoit son arrière-grand-mère et se rappelle ses madeleines si parfaites. Les larmes lui montent aux yeux.
“Je ne pouvais imaginer de meilleur avenir pour eux !”