Déplacé.e.s, encore

Récit imaginé par Jacinthe Grégoire, Beatriz Villca Jimenez, Claire-Marine Alemany et Benjamin Martareche et facilité par Alexis Louat dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 17 mars 2023 en partenariat avec l’ADEME

Thème de l’atelier :  Et si la France était neutre en carbone en 2050 ? Scénario 3 – Technologies vertes 


Déjà une heure que mon train a quitté la gare de Pommiers et j’arrive enfin à m’installer confortablement. Cela fait pourtant plus de 5 ans que je prends régulièrement des trains Green Mobility mais j’ai encore du mal à rester assise sur de longues durées. Heureusement, mon arrivée à la gare de Valroi est prévue à 10h45, il ne me reste plus que 25 minutes de trajet en train avant de prendre un bus et de finir mon voyage à pied. J’en profite pour observer les changements de paysage. J’ai l’impression de m’enfoncer dans la campagne, au cœur de la ruralité. Il faut dire que les quartiers construits autour de Lyon en ont capté la technologie : mon train a contourné un océan de bâtiments connectés dont les innovations technologiques dépassent des façades végétalisées. 
C’est loin d’être courant dans les alentours de Valroi. J’ai l’impression de traverser les siècles. J’ai dû vérifier à plusieurs reprises la date du jour sur la tablette connectée mise à disposition dans mon train : nous sommes pourtant bien en 2050. Mon esprit vagabonde, enseveli de pensées à mesure que je vois mon train se rapprocher d’une petite zone urbanisée.
Depuis que j’ai quitté le Nigéria il y a dix ans, je documente les différents modes de vie des Français. J’observe beaucoup de disparités. Chaque communauté est un écosystème, c’est fascinant. Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec Louise afin de découvrir la réalité de Valroi. Qui sont ses habitant.es ? Comment vit sa population ? Quelles innovations vertes ont été déployées sur ce petit territoire, éloigné de la métropole Lyonnaise ? 
Je suis surprise par les premières images de cette petite communauté, qui me paraît presque rustique. 
Je reçois un choc énorme en arrivant proche de la communauté de Valroi, guidée par Louise mon contact dans la communauté, qui est venue me chercher à la descente du bus.
Je m’attendais à tout sauf à ça, pas de grands immeubles végétalisés avec potagers sur le toit, pas d’écrans partout mais de grandes bâches qui servent à s’abriter, des palettes de bois pour s’isoler du sol. Plein de valises. Ça  m’a replongé des années en arrière, lors de mon périple pour rejoindre la France.
Je n’ai pas mis longtemps à comprendre ce qu’il se passait, et Louise m’avait volontairement laissée dans l’ignorance.
Les 6 000 personnes que je venais retrouver ici étaient toutes originaires de la ville de Brion sur Saône et 2 semaines auparavant, lors d’une crue, les barrières anti-inondations qui les gardaient à l’abri depuis plus de 10 ans ont soudainement lâché. Le village à été submergé en moins de deux heures et les habitant.es ont tous.tes dû quitter les lieux.
els sont arrivé.es ici, après 10 km de marche pour se mettre au sec et en hauteur.
Je me suis donc préparée à voir des personnes en difficulté, en souffrance, pourtant une image me marque particulièrement. Je vois ces parents essayant de chercher les seuls objets personnels de leurs enfants sous les décombres. Je nous revois, mes parents et moi, il y a 10 ans au Nigeria ! C’est fou de voir cette image en France avec des personnes blanches et aisées, me direz-vous. 
Je reviens à la réalité lorsque Louise, la leader de la communauté m’attrape par le bras. Ça me prend du temps de me remettre de mes émotions.
Soudainement, j’ouvre la bouche et je pense à haute voix: « il faut absolument rencontrer Estelle et Xavier, d’autres personnes à Grenoble qui ont réussi à retrouver une maison suite à la grande inondation d’il y a deux mois ! » Vous me connaissez, je ne peux pas rester sans proposer une idée, une solution dans ce monde où la technologie prime plus que tout ! Je me mets en mouvement.
Ce voyage d’aujourd’hui m’aura permis de faire des rencontres intéressantes et inspirantes. La souffrance que vivent ces personnes m’interpelle dans mes entrailles et une voix me dit :  »il y a certainement une solution pour que ces personnes déplacées puissent trouver leur place et leur bonheur au sein de la communauté ». Du coup, je vous invite cher.ères ami.es, mes fidèles lecteurs et lectrices, à ne pas hésiter à proposer votre aide ou vos idées. 

Sur ce, je vous dis à très bientôt, pour une nouvelle aventure à la rencontre de l’autre dans la réalité de la France d’aujourd’hui.

Réponse à son blog: 

Salut Nila, c’est juste incroyable de voir à quel point les gens de la France traversent les mêmes événements climatiques que nous dans la région d’Osun au Nigéria ! Mais au fait, nous aussi, nous avons besoin de toi pour interpeller les autres, les encourager à nous soutenir, nous inspirer pour avancer.