Ananké, ce qui ne peut pas ne pas advenir

Récit imaginé par Nicolas Delon, Chloé Conda, Margaux Barclay, et facilité par Maxime de Beauchesne et Priscille Cadart et dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 7 avril  2023 en partenariat avec le collectif Go Green du BCG.

Thème de l’atelier :  Et si demain, les entreprises vivaient au rythme des saisons ? 


Le jour était finalement arrivé. Après des retards imprévus et plus d’une décennie de travaux, Notre Dame de Paris était enfin prête à être inaugurée. Ses fenêtres brillaient, ses tours scintillaient et la foule était au rendez-vous. Pas un seul mètre de chaussée n’était vide. Tout Paris essayait d’apercevoir la figure imposante du monument. 

Pourtant, en ce premier jour de juillet 2040, la ville traversait depuis quelques semaines une canicule persistante, qui se montrait sur les visages fatigués des spectateurs. La sécheresse intense était perceptible et la chaleur nerveuse, palpable.

Dans un recoin obscur de l’une des tours, un mot gravé à la main sur le mur – Ananké, « ce qui ne peut pas ne pas advenir » – laissait deviner ce qui allait se passer. 

Un bruit se fît entendre, une vibration se fît sentir, s’en suivit un instant de silence comme infini. Une brèche apparut, on comprit que le sol venait de se fissurer. Les températures extrêmes avaient affaibli les fondations de la ville, menaçant Paris de s’effondrer. 

Ananké – « fatalité » – retentit sur les murs de la cathédrale et la citation d’Albert Einstein raisonna « il faut être fou pour se comporter de la même manière et s’attendre à des résultats différents. » 

Notre Dame de Paris se trouva une nouvelle fois menacée, devenant le symbole d’une ville à l’épée de Damoclès au-dessus de la tête de ses habitant.es. 

Ces évènements climatiques sont l’apanage des citoyens depuis les années 20. Fort heureusement, en 2040, les entreprises et les collectivités sont sorties de leur immobilisme, bousculées par des salariés engagés. La préservation du bien commun est devenue l’une des principales missions. L’empathie et la résilience sont érigées comme des facteurs de réussite et des valeurs communes aux parties prenantes. 

Cette nouvelle conception du vivre ensemble permet d’enclencher les premiers travaux de rénovation rapidement. Les derniers jours de chaleurs insupportables n’ont pas empêché les entreprises de se mobiliser à une vitesse étonnante. Le chantier reprenait forme. 

L’automne touchait à sa fin. L’hiver doux et fade auquel le réchauffement climatique nous habituait commençait. Seulement cette année, le vortex polaire déstabilisé par une année chaude allait s’effondrer sur l’Europe, entraînant une vague de froid de plusieurs semaines et des pics de température négative de -50°C.

Le juge froid allait rendre son verdict sur la résilience de notre société. En 2023 cela aurait été une catastrophe, en 2040 ce fut une épreuve, mais qui fut vite surmontée. Le chantier fut stoppé quelques semaines.

Le fond de solidarité économique de saisonnalité absorba les dépenses supplémentaires liées à ces phénomènes extrêmes mais réguliers. Les froids violents ont, bien sûr, provoqué quelques dégâts, qui permirent de voir l’étendu du savoir-faire développé par le Ministère de la Réparabilité et de la Circularité. 

Notre histoire s’achève au Printemps. Les habitants assistèrent à la transformation de Paris : végétalisation des espaces bitumées, création de ligne de mobilité douce multi-modale, espace de préservation du vivant, etc. Les entreprises ont réussi le Paris de l’adaptation. Le bien commun se vit au rythme des saisons.