2027, l’école est finie ?

Récit imaginé par Béatrice BOCQUET, Aurélie GAUTHIER, Amélie DELOFFRE et Sophie et facilité par Vanessa WECK dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 11/05/2022.

Thème de l’atelier :  Et si demain, une véritable résistance écologique renversait les pouvoirs en place pour sauver la planète ?  


Myriam a 42 ans aujourd’hui.
Et ce matin en se réveillant, elle pense à ses dernières années : que de changements dans sa vie ! Ce n’est pas rien ce qu’elle a fait : quitter son travail de consultante en services financiers un an auparavant, pour participer à la Grande Révolution !  Avec son mari, kiné, ils n’ont pas hésité longtemps pour changer de vie, vivre avec moins pour soutenir leurs idéaux. Leurs trois enfants ont suivi et se sont bien adaptés. Cet engagement et cette nouvelle vie l’ont transformée : des rencontres improbables et surtout cette mise en action qui lui a donné des ailes. 42 ans ! Quelle confiance en elle, elle a gagné depuis ! 

Ces dernières années, ce ne sont pas seulement elle et sa famille qui ont changé, c’est aussi toute la ville !  A Lyon, c’est tout une vie nouvelle qui s’est organisée par quartiers, depuis qu’une majorité de la population a délaissé ordinateurs et smartphones lors du mouvement de la Grande Déconnexion. Qu’est-ce que ça a fait du bien à tout le monde, quand on s’est senti revivre loin des écrans.

Mais ce matin pas le temps de lambiner, on fêtera l’anniversaire plus tard : aujourd’hui, elle doit se préparer pour la Grande Concertation sur la Nouvelle Ecole. Soucieuse de l’avenir de ses enfants, et d’une manière générale, de la jeune génération, elle n’a pas hésité une seconde lorsque les différents quartiers de Lyon ont décidé de se pencher sur la question de l’éducation et de l’école. Après ces années troubles, il faut reconstruire quelque chose et penser au futur.

Ils sont tous persuadés que l’avenir de la planète dépendra de tous (jeune, anciens…) et de la façon dont ils apprendront le monde.

Dans les réunions préparatoires, on a bien senti déjà que tout le monde voulait revenir aux bases : savoir distinguer un fait d’une opinion. Développer son esprit critique mais aussi apprendre des choses concrètes. Remettre la science et l’art au cœur, avant la course à la technologie. Apprendre à se poser la question de son impact et de sa valeur ajoutée, sa valeur éthique avant de courir la développer. Apprendre la terre, la couture, la cuisine, le jardinage, le tissage…. Savoir animer des débats. Pratiquer le yoga, la méditation, beaucoup de sports et l’art. Y parler sororité, apprentissage de la philosophie, du respect et du partage… etc. Apprendre à RESISTER aussi !

Pendant un mois, les débats s’enchainent ; houleux parfois, car les questions soulevées ne sont pas toujours faciles. Myriam écoute, doute, avance avec les autres : études longues, études courtes ? Métiers inutiles vs métiers utiles, comment gérer les métiers « pointus », comme la médecine ? Organiser l’école ou la désorganiser ?  Les idées de départ semblaient si simples !
On s’accorde à dire que chaque enfant est libre d’aller à l’école à son rythme. Certains mentionnent qu’on ne devrait jamais quitter l’école, qu’on apprend toute la vie.

Après un mois, les bases de la nouvelle école, inclusive, libre et multiple sont posées avec un seul objectif : être utile à notre planète.

Nous sommes à présent en 2035.
Myriam constate chaque jour l’épanouissement croissant de son entourage, de sa famille d’abord, mais aussi de ses voisins et des habitants de son quartier. La résurgence des liens sociaux, des bavardages de voisinage à l’entraide intergénérationnelle, a participé à refermer les blessures de la Grande Révolution entre les différentes strates de la population française. Le retour à la terre de 23% de la population et la priorisation de métiers « utiles pour demain » ont définitivement effacé les années d’anxiété et de dépression pré-Révolution. Le sens du devoir et du collectif fait désormais la une des journaux papier qui relatent nombre d’initiatives positives, aux 4 coins du pays. L’époque a définitivement changé

Myriam bénéficie comme tout le monde d’un salaire universel qui lui permet d’exercer un métier plein de sens, sans avoir à s’inquiéter financièrement pour sa famille et son avenir. Le dilemme qui a longtemps été le sien, celui de devoir choisir entre un travail rémunérateur et un travail utile, sera épargné à la jeune génération. Et elle est parfois fière de se dire qu’elle a contribué à cela, en changeant l’Ecole en 2027. 

Ses enfants en sont l’exemple même. David, son fils ainé, a intégré l’une des 25 nouvelles Grande Ecole de l’Ecologie (gratuite et sans classement) tandis que sa fille Noémie termine son apprentissage d’horticulture, option « adaptation au manque d’eau » aux côtés de sa voisine de palier, Jocelyne, 65 ans, éternellement énergique et prête à apprendre. Sa petite dernière, Renée, ne s’est pas encore engagée dans une voie. Elle est pour l’heure en « année de volontariat d’urgence », fabriquant de grandes maisons en bois sur pilotis en Bretagne, pour les réfugiés climatiques.

Myriam ne reconnait plus son monde. Et c’est tant mieux comme ça.

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